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Origine      1998

Ce projet constitue un point d'aboutissement d'une partie de mes recherches.

 

Il y a là, énoncés, les principes d'une intervention urbaine qui nécessite celle de l'habitant.

J'avais dès mes premiers travaux (1984) envisagés ce principe de l'image des lieux dans les lieux et de l'observation de sa disparition: il s'agissait d'intervenir sur des portes de HLM, dans le cadre d'une réhabilitation. Les images servant de substitut provocateur à leur référent existentiel, elles pouvaient par hypothèse en recueillir les aggressions de manière cîblée. Ce projet, demandant de l'ingénierie sociale avancée d'accompagnement, n'avait pu être mis en place à l'époque.

 

Je proposai à mes associés de réaliser cette intervention, sous une forme plus modeste dans sa mise en oeuvre, mais présentant un niveau de complexité plus avancé.  Le quartier et la friche de la Belle de Mai furent choisis.

Nous avons investi le sas d'accès ouvert en continu de la Friche pour effectuer au mur le suivi de cette intervention: il s'agissait de coller au fur et à mesure les images de la disparition sur les images précédentes. Les conditions étaient rudimentaires, les lieux en friche et sans éclairage autre que naturel. Mais nous y posions des images débordées de leur objet en abîme, témoins  du processus de leur disparition.

 

 Fabrice NEY

Avril 2015

 

"Origine", le projet initial de SITe 

 

Trois grands thèmes ont marqué les recherches de SITe sur le territoire:

- Soude, Quarantaine, SEITA... : la présence de l'histoire

- Résurgence, Mamelles, Restanques... : l'environnement naturel et rural

- Immeuble D, 13-14, Grand Littoral... : la ville et ses chantiers

 

Ces travaux ont donné lieu à des manifestations dans lesquelles était posée la question de la place du spectateur en tant qu'acteur (habitants, usagers...) des lieux représentés.

 

Cette question, importante mais périphérique jusqu'à présent, se pose aujourd'hui avec d'autant plus d'acuité que la crise de l'espace représenté déborde sur la représentation elle-même.

 

Comment le spectateur, vivant dans un environnement visuellement précarisé, peut-il trouver ses repères dans une image stable de celui-ci, d'autant que sa position de spectateur, passif par définition, risque de renforcer un sentiment d'impuissance ou une attitude blasée?

 

La recherche arbitraire d'une origine reconnue risque alors de se confondre avec la nécessaire affirmation d'une identité en construction.

 

C'est en posant comme hypothèse l'existence de cette origine et en démontrant photographiquement l'absurdité d'un retour à celle-ci que nous construisons le projet suivant. Le développement de cette action tendra à restituer au spectateur sa place d'acteur.

 

[...suit le descriptif prévisionnel du projet...]

 

            Ce projet s'inscit dans une problématique qui définit le territoire comme étant le résultat d'une histoire ancrée dans celle des lieux et la vitalité de leurs acteurs.

 

            Au Centre, seront, en dernier lieu, exposés par couches superposées les "témoins" inaccessibles de l'histoire d'une disparition.

Fabrice NEY

Juillet-septembre 1997

Texte du projet initial "Origine".

Finalement, ce programme fut inachevé: peu d'images ont été suivies jusqu'à leur disparition. Mais cet inachèvement  est contenu dans le projet qui le soutend. Et le sous-titre de cette intervention "un impossible retour" confirme cette intention. Au départ territorialisé, le projet s'est relocalisé sans cesse: par exemple, des inscriptions de graffitis sur les tirages mêmes présentés dans la friche créaient une dynamique intérieur-extérieur qui débordait de manière transverse le modèle centre-périphérie de départ. De plus, le titre "Origine" suscitait des réactions: sur le répondeur de SITe des questions concernant un éventuel contenu raciste du propos. Ainsi les images et le dispositif mis en place à l'échelle d'un quartier, et pas n'importe lequel, fonctionnait comme une démonstration par l'absurde: l'origine n'est jamais qu'un point de départ arbitraire dont nous nous éloignons sans cesse par accumulation successive de nos histoires mêlées.

 

Ayant rendu  aux habitants l'image des lieux en les conviant discrètement à sa disparition, je cessais mon travail photographique.

 

 

Fabrice NEY

Avril 2015

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